Dubaï: Patrick Chalhoub
« Le roi oriental du luxe »132
- Membre de la famille Chalhoub, fondatrice du groupe éponyme, créé au Liban puis transféré à Dubaï. Le Groupe est un acteur majeur de la distribution de parfums et cosmétiques au Moyen-Orient.
- Siège avec trois membres de sa famille au conseil d’administration de Parmobel dont le Groupe Chalhoub est l’actionnaire minoritaire avec une participation au capital de 40% (ramenée à 25% au 1er janvier 1998).
- Directeur général du Groupe Chalhoub et, entre autres, de Fitra.
Patrick Chalhoub est présent à toutes les étapes du marché noir russe de L’Oréal :
- En 1995, il propose à PBI, qui l’a accepté, de créer deux circuits sur la Russie pour récupérer la marge des agents sur leurs ventes aux touristes russes visitant le Moyen-Orient.
- En septembre 1996, il participe à une réunion tenue à Dubaï avec Gilles Weil et Serge Guisset qui s’est conclue par la décision de constituer un stock Fitra spécifique aux pays de l’Est (Jean-Claude Bonnefoi).
- Au quatrième trimestre 1996, il présente Vladimir Nekrasov à Serge Guisset par l’intermédiaire de Claudine Kawiak, pour organiser le « bon circuit » pour faire du chiffre d’affaires sur la Russie dès janvier 1997.
- En mai 1997, il mène à Moscou des négociations décisives (structuration des prix, notamment) avec Vladimir Nekrasov. Dans son rapport à Jean-Claude Bonnefoi et Serge Guisset du 22 mai 1997, rédigé sur le papier à entête de Chalhoub Inc., Patrick Chalhoub fait des projections très ambitieuses sur le potentiel du marché noir russe et transmet deux souhaits de Vladimir Nekrasov : être le principal fournisseur du marché noir russe et devenir à terme, l’agent officiel de PBI en Russie. Ces deux souhaits seront exaucés par L’Oréal.
- « De son côté, P. Chalhoub m’a dit que lorsque Nekrasov a pris possession des produits, lui n’exerce plus aucun contrôle133 ».
- Il refuse la demande que lui a faite Gilles Weil d’endosser la responsabilité du marché noir russe134 .
- Il ne craint pas l’ambigüité :
– A Moscou, en mai 1997, il assure Vladimir Nekrasov qu’il appuiera à Paris, son souhait de devenir le principal fournisseur du marché noir russe de L’Oréal.
– A Dubaï, il déclare à Guillaume Sanchez qu’il a un profil douteux135 et à Olivier Carrobourg qu’il est un homme dangereux à tous points de vue.
– Il précise à Guillaume Sanchez, directeur de la protection des marchés de PBI, qu’il « regrette l’érosion des marges générées par le courant d’affaires Nekrasov par rapport aux marges réalisées antérieurement à travers les Agents » mais qu’il espère que, « la surface financière de Nekrasov aidant, les volumes réalisés ainsi seront largement supérieurs à ceux effectués l’an dernier »…
– « Cependant, il ne pousse pas sur ce circuit, et n’aurait rien contre l’idée de revenir aux filières antérieures… Il est vrai, commente Guillaume Sanchez, que dans les deux cas Fitra facture en prélevant sa commission et que par ailleurs ces chiffres sont logés chez Parmobel136 ».
Le marché noir russe de L’Oréal a été une excellente affaire pour le Groupe Chalhoub qui touche commissions et dividendes à chaque étape :
- en tant qu’actionnaire minoritaire de Parmobel, sur les ventes des produits destinés au marché noir russe à Fitra International Ltd ;
- en tant qu’actionnaire unique de Fitra International Ltd, sur les ventes de celle-ci aux opérateurs du marché noir russe ;
- honoraires liés au contrat de prestations de service entre Fitra International Ltd et Parmobel ;
- en tant qu’actionnaire minoritaire de Parmobel, par la vente de 15% de Parmobel à L’Oréal lorsque la participation de Chalhoub a été ramenée à 25% à fin 1997 ; le calcul du prix de cession de ce paquet d’actions avait pris en compte le chiffre d’affaires de Parmobel sur le marché noir russe.
« Nous sommes extrêmement neutres »
Conclusion éloquente du mémorandum de Patrick Chalhoub à Serge Guisset et Jean-Claude Bonnefoi à son retour de Moscou :
« En conclusion, après avoir établi un état des lieux aussi précis que possible avec les interlocuteurs compliqués et mystérieux, il vous appartient de déterminer ce que vous souhaitez faire et de nous le soumettre. Nous sommes extrêmement neutres à ce sujet et nous ne ferons qu’appliquer ce que vous aurez défini137 ».
132 Titre de l’article que lui a consacré Le Figaro (15 mars 2007).
133 Guillaume Sanchez, Risque de diversion Moyen-Orient, cf.
134 Cf. copie de son fax du 25 novembre 2000.
135 Guillaume Sanchez, Risque de diversion Moyen-Orient, cf. Olivier Carrobourg, Témoignage, cf.
136 Guillaume Sanchez, Id., cf.
137 Patrick Chalhoub, Marché russe, 22 mai 1997.