Résiliation anticipée du contrat Star Beauté en 2004

L’Oréal verse 29 millions d’euros sans aucune justification

Le contrat d’exclusivité pour la Russie que L’Oréal (PBI) signe avec Star Beauté le 19 juin 1998 a une validité de dix ans à compter du 1er janvier 2000.

L’Oréal le résilie prématurément au 31 décembre 2004, avec un préavis de six mois, en le rachetant au prix fort : 26 millions + 3 millions d’euros versés à des bénéficiaires restés inconnus à ce jour.

L’Oréal n’avait aucune indemnité à verser

En effet, si L’Oréal avait le droit (§XIII du contrat) de le résilier prématurément au 31 décembre 2004 moyennant paiement d’une indemnité calculée sur la base de 60% de la valeur FOB Paris des livraisons vers la Russie pendant l’année d’annulation (2004),

  • L’Oréal ne devait s’acquitter d’aucune indemnité (Point 5, §XIII) en cas de changement dans l’actionnariat majoritaire de Star Beauté ou dans le management (Claudine Kawiak et/ou Malik Youyou).

Or,

  • l’actionnaire majoritaire de Star Beauté avait changé
    Colfield devint actionnaire majoritaire (49%, inchangé) le 4 septembre 2001, avec l’entrée au capital de la Compagnie Financière Rochebrune qui a repris un bloc d’actions de 28% vendu par Hermitage, dont la part est ainsi ramenée à 23%.
  • la direction générale de Star Beauté avait changé
    Claudine Kawiak avait quitté la direction de Star Beauté en novembre 2001 et la vice-présidence du conseil d’administration d’Hermitage le 24 septembre 2002.

Pourtant, L’Oréal (PBI) a versé 29 millions d’euros pour racheter ce contrat, et ce, sans aucune justification.

Un paiement de cette importance n’a pas pu avoir lieu sans l’aval de la présidence de L’Oréal. Et ses dirigeants sont les seuls à connaître le(s) bénéficiaire(s) de ce paiement en deux tranches de 26 millions et 3 millions d’euros.

Il est légitime de se demander:

  • si la direction de L’Oréal a vraiment décidé, en toute indépendance, d’accorder contrat de dix ans à Star Beauté et de le résilier de manière anticipée quatre ans plus tard,

ou

  • si elle n’avait pas, en 1997-1998, sous-estimé la capacité de nuire du crime organisé russe : n’aurait-elle pas eu la main forcée par des menaces d’extorsion ou de chantage dont Sergueï Mikhaïlov et Semyon Mogilevich, proches parrains d’Arbat Prestige, ont l’habitude?

    → Lors d’une interview qu’il a accordée à la BBC le 1er mai 2014 à Vienne (Autriche), l’oligarque ukrainien Dmytro Firtash (www.bbc.com/news/world-europe-27235510) a déclaré que Mogilevich était l’un des principaux bénéficiaires authentiques de RusUkrEnergo et que sa pratique particulière des affaires était le chantage et l’extorsion. (Cf. www.bbc.com/news/world-europe-27235510).