Direction du groupe
Lindsay Owen-Jones
Président-directeur général de L’Oréal (1988-2006) à l’époque du marché noir russe et président de 2006 à 2011. Le conseil d’administration le nomme président d’honneur en février 2011, l’Assemblée générale des actionnaires l’élit au conseil d’administration en avril 2011.
Il quitte définitivement le Groupe en avril 2013.
La mémoire défaillante du PDG de L’Oréal
Interrogé par le juge d’instruction qui lui montrait un tableau récapitulatif de l’activité de Parmobel sur cinq ans (1995-1999), Lindsay Owen-Jones lui a déclaré que ni le conseil d’administration de L’Oréal ni lui-même n’étaient informés de ce « qu’une large partie du chiffre d’affaires de Parmobel était généré par les ventes à destination de la Russie »… avant de préciser : « La première accusation de cet état de fait c’est une lettre de M. Mercun de janvier 1999 qui le suggère. C’est une affirmation de M. Mercun et je ne suis pas sûr que cela soit exact82 ».
Extrait de la lettre de Janez Mercun (18 janvier 1999) :
« Nous mettons fin à notre collaboration dans des circonstances que j’estime déshonorantes pour votre Société… PBI, en dépit des termes de notre contrat, a organisé les ventes sur le marché noir de Russie et d’Ukraine… ».
Le président directeur général de L’Oréal ne pouvait pas ne pas avoir connaissance du marché noir russe de L’Oréal
Il s’estimait parfaitement informé de l’activité de PBI par son subordonné direct, Gilles Weil, directeur général de PBI :
J’étais tenu informé de l’activité de M. Weil très régulièrement. Nous avions formalisé des réunions de l’ensemble de notre équipe de direction tous les mois. J’avais également avec lui des contacts informels au moins tous les 15 jours83 ».
Il serait de plus surprenant qu’il ait ignoré l’existence du marché noir russe de L’Oréal :
- après le 6 janvier 1998, date de la note que le conseil de L’Oréal, Me Jean-Marie Degueldre, a adressée à deux membres de son état-major : Gilles Weil et Pascal Castres Saint-Martin. L’avocat y justifie le marché noir de L’Oréal par des arguments économiques et dénie toute « réalité économique » aux contrats Temtrade, dont le renouvellement aurait été « une erreur ».
ou
- au plus tard après le 30 janvier 1998, date de la signature de l’Avenant aux contrats Temtrade et d’un versement à Temtrade de 20 millions de francs français à titre d’indemnités. Le paiement d’une somme de cette importance n’a pas pu se faire sans qu’il en ait été informé.
Réunion au sommet à Dubaï
Lindsay Owen-Jones a visité la filiale de L’Oréal à Dubaï, Parmobel, le 27 janvier 1999. Olivier Carrobourg, directeur financier de la filiale, avait préparé son dossier de voyage qui comprenait une page… [sur ] l’activité russe à partir de Dubaï84.
Olivier Carrobourg avait été chargé de présenter cette activité lors de la rédunion de la direction générale de PBI à Dubaï:
Après ma présentation, M. Owen-Jones a agi comme quelqu’un qui découvrait la situation et il a demandé à deux reprises : « Qui a organisé cela ? » Serge Guisset a dit alors : « C’est moi ». M. Owen-Jones a demandé à Gilles Weil s’il était au courant. Il a répondu sans parler par un léger hochement de la tête. M. Owen-Jones a demandé d’arrêter immédiatement ces affaires85 ».
Pourtant, dans sa déposition sous serment, Lindsay Owen-Jones n’a pas le souvenir que l’activité russe de Parmobel lui ait été exposée : « Il est possible que j’aie parlé de l’activité russe suite au courrier de M. Mercun. Ma préoccupation était la préservation de l’image de luxe des produits L’Oréal et je leur ai donc dit de mieux maîtriser les fuites de produits L’Oréal à l’étranger. J’ai souvenir qu’on m’a expliqué que ce courant vers la Russie était subi et non organisé par L’Oréal et voulu86 ».
L’ordre de Lindsay Owen-Jones a eu du mal à être exécuté : après cette réunion, 13 livraisons pour le marché noir russe ont encore eu lieu de Paris via Dubaï en 1999. Lindsay Owen-Jones n’a pu l’ignorer et il les a donc tolérées. Des reliquats du stock de Dubaï ont inondé le marché noir russe jusqu’au premier semestre 2000.
Lindsay Owen-Jones : la demande du juge d’instruction restée sans suite
Extrait du Procès-verbal, cf.:
« - Question : Préalablement à cette convocation, nous vous avions fait parvenir une « liste de documents à nous fournir à savoir :
- Comptes clients Parmobel chez PBI de 1996 à 2001
- Factures PBI adressées à Parmobel de 1996 à 2001
- Compte client Fitra chez Parmobel de 1996 à 2001
- Factures Parmobel à Fitra de 1996 à 2001
- Compte client Massoud chez Parmobel de 1996 à 2001
- Factures Parmobel à Massoud de 1996 à 2001
- Compte client Socodile chez Parmobel de 1996 à 2001
- Factures Parmobel à Socodile de 1996 à 2001
- DAS* 1 et 2 de Parmobel et PBI de 1996 à 2001.
« - Avez-vous pu réunir ces documents ?
« - Réponse : « Ces documents sont actuellement en cours de recherche. Je pense qu’ils pourront être réunis dans les semaines à venir ».
* Les DAS 2 de Parmobel et PBI sont des déclarations obligatoires à transmettre aux services fiscaux par tout contribuable (personne physique ou société) versant des honoraires, des commissions, des remises commerciales, des droits d’auteurs ou d’inventeurs (brevets). Ces documents doivent être actualisés chaque année. (Source: https://www.l-expert-comptable.com)
Lindsay Owen-Jones n’a donc pas fourni ces documents au juge d’instruction.
→ Il n’y a aucune trace judiciaire que la Police judiciaire ou le juge d’instruction lui aient rappelé de s’exécuter.
→ Après dix huit ans de procédure, le modèle économique du marché noir russe de L’Oréal n’est toujours pas établi.
La visite de Lindsay Owen-Jones à Dubaï - témoignages
Olivier Carrobourg, directeur financier, Parmobel
« Au début de l’année 1999, M. Owen-Jones a effectué à Dubaï un voyage inattendu à savoir que nous avons été informés trois semaines avant uniquement. La veille de la présentation des chiffres à M. Owen-Jones, M. Weil nous a dit que nous allions présenter les chiffres en présence des patrons d’affaires et des financiers mais en l’absence de l’équipe marketing. L’activité commerciale de Parmobel pour le Moyen-Orient lui a été présentée par M. Fahdi Jabbour, successeur de M. Bonnefoi. J’ai présenté l’activité des « ex-républiques musulmanes soviétiques », à savoir le marché gris en Russie.
« A l’issue de ma présentation, M. Owen-Jones a demandé « qui avait autorisé cela ? » C’est M. Guisset qui a répondu « C’est moi ».
« M. Owen-Jones a demandé à M. Weil s’il était au courant. M. Weil a fait un vague hochement de la tête en guise de réponse. Puis M. Owen-Jones a fait une leçon de morale expliquant que le Groupe L’Oréal n’avait pas besoin de cela.
« Ayant préparé le dossier de déplacement pour M. Owen-Jones où il y avait les chiffres pour la Russie, je sais qu’il était informé avant d’arriver à Dubaï. J’ai cru comprendre que fin 1998 M. Mercun avait écrit personnellement à M. Owen-Jones ce qui peut être à l’origine du voyage à Dubaï87 ».
Serge Guisset, ancien directeur général adjoint de PBI
« Question : Il ressort… que Sir Owen-Jones a effectué en 1999 un déplacement à Dubaï… [et] demandé qui était responsable [de l’activité du marché russe (« ex-républiques musulmanes soviétiques »)] et vous avez déclaré : « C’est moi ». Est-ce exact ? Réponse : « Mes deux supérieurs hiérarchiques directs, MM. Weil et Guyot-Jeannin étant restés muets, j’ai décidé de prendre la parole. Je vous précise cependant que je n’ai jamais rien fait tout seul et que tout cela était dans les comptes88 ».
Gérard Guyot-Jeannin, directeur général International
« Je n’ai pas le souvenir que la Russie ait été évoquée particulièrement au cours de cette réunion89 ».
Gilles Weil
Vice-président du Groupe L’Oréal et directeur général de la Division Luxe jusqu’à son départ en retraite en 2005.
Décideur clé du marché noir russe, il est membre de la direction du Groupe L’Oréal.
- Président du conseil d’administration de Parmobel à l’époque du marché noir russe.
- En 1992, à l’avènement de l’économie de marché en Russie, il demanda personnellement à Janez Mercun d’y créer et financer les parfumeries de la Distribution sélective de L’Oréal (PBI). Six ans plus tard, Temtrade avait ouvert 68 points de vente.
Déposition sous serment de Gilles Weil
Gilles Weil s’est défendu de toute implication dans le marché noir russe lorsqu’il a été entendu par un juge d’instruction:
[Mon rôle dans la mise en place du marché noir] a été nul car je n’ai jamais été opérationnel. Je n’ai jamais donné de consignes ou de directives dans ce sens. D’autant plus que nous nous sommes toujours battus pour combattre le marché parallèle, nous avons marqué nos produits ce qui a eu un coût financier90 ».
A la lecture de ce document91, je ne peux que dire qu’il y a certainement eu quelque chose d’organisé en Russie. A l’époque, je n’en avais pas connaissance. Je ne sais par qui, peut-être par des commerciaux ».
Lettre à Janez Mercun du 3 mai 1999 : Gilles Weil nie tout
« Nous ne pouvons que vous confirmer que nous n’avons jamais livré, ni Arbat Prestige, ni Omega, et vous renvoyer à la disposition 1 de l’Avenant signé le 30 janvier 1998 par lequel nous avions constaté, d’un commun accord, que PBI ne pouvait pas garantir que des produits ne soient pas introduits sur les territoires concédés par des circuits parallèles ».
La ligne suivie par Gilles Weil lors de son interrogatoire est de dire qu’il était très éloigné du marché noir russe, pour lequel il avait donné une délégation « forte » à Gérard Guyot-Jeannin et Serge Guisset, et qu’il portait son attention à d’autres priorités comme les comités de direction (Groupe + PBI), les marchés japonais et américain (USA) et non à un agent modeste92.
Confrontation de la déposition de Gilles Weil à celles de ses subordonnés
Pendant son audition, le juge d’instruction lui a cité la déclaration d’Olivier Carrobourg: « La mise en place de ce système a commencé en 1996 à la demande de la direction générale, Gilles Weil, M. Cabane, M. Guyot-Jeannin, M. Frolet … M. Gilles Weil a été impliqué dès le début93 ».
Réaction de Gilles Weil :
C’est faux et je ne vois pas comment il peut affirmer une chose pareille d’autant que je n’ai rencontré M. Carrobourg que très rarement. Je n’avais affaire qu’à M. Guyot-Jeannin qui était directeur international de PBI et M. Guisset qui était directeur de la Zone Agents94».
Si M. Frolet a dit cela [« Nous n’avons aucun choix… faire feu de tout bois » (pour atteindre l’objectif des ventes en 1996)…], ce n’est pas avec mon accord… « Je ne crois pas que j’ai donné des instructions en ce sens, nous étions dans une bonne période à cette époque et je ne vois pas en quoi de telles pratiques auraient été nécessaires95 ».
Gilles Weil prend également des libertés avec le calendrier:
« Les relations avec Nekrasov ont débuté avec le nouvel agent96. Nous n’en avons jamais eu avec lui du temps de Mercun97 », alors que le marché noir russe a été organisé avec Arbat Prestige en 1996.
De même, il assure que « dans [son] esprit, les difficultés n’ont commencé avec Mercun qu’à partir de 1998 » et qu’un accord a été signé avec lui « fin 199898 » : en réalité, les difficultés ont débuté en 1996 et l’Avenant aux contrats Temtrade a été signé le 30 janvier 1998.
Le regret de Gilles Weil
« Je n’ai rien à ajouter à part le fait que nous aurions dû nous séparer de M. Mercun bien plus tôt, à l’ouverture du marché russe99 ».
Quelques-unes des décisions prises par Gilles Weil en rapport avec le marché noir russe:
- Septembre 1997 : Créer un stock dédié au marché noir russe chez Fitra, société du Groupe Chalhoub à Dubaï, lors d’un voyage qu’il y fit avec Serge Guisset. Ce voyage a été décisif pour la mise en place du marché noir russe de grande envergure en étroite collaboration avec Patrick Chalhoub, Claudine Kawiak, Vladimir Nekrasov.
- 30 janvier 1998 : Cosigner avec son bras droit Gérard Guyot-Jeannin, directeur général International, l’Avenant aux contrats Temtrade, censé contenir le marché noir russe.
- Durant l’année 1998 : Mandater Me Jean-Marie Degueldre, conseil de L’Oréal, pour discuter avec Hermitage SA (filière Vladimir Nekrasov à Zoug - Suisse) d’un contrat exclusif pour la marque Biotherm100.
- 19 juin 1998 : Déléguer à son adjoint Gérard Guyot-Jeannin la signature, à Paris, du contrat de dix ans octroyant l’exclusivité des marques PBI pour la Russie à Star Beauté dès le 1er janvier 2000. Star Beauté est une société contrôlée par la filière Arbat Prestige/Nekrasov. Ce contrat annonce six mois à l’avance que les contrats Temtrade seront résiliés fin 1998.
- 19 juin 1998 : Signer le même jour à Paris, une convention de séquestre libérant Star Beauté des obligations de la Distribution sélective. En clair : le patron de la Division Luxe de L’Oréal donne le feu vert pour que ses marques les plus prestigieuses soient vendues dans des kiosques, hangars, magasins cash & carry, à même la rue… La filière de Vladimir Nekrasov n’avait alors pas de magasins.
- Septembre 1998 : Décider la reprise des livraisons du marché noir russe exclusivement à la filière Arbat Prestige ; elles avaient été interrompues après la « Saisie de Bruxelles » du 20 mars 1998. Gilles Weil en a personnellement informé Jean-Claude Bonnefoi et Olivier Carrobourg.
- 28 décembre 1998 : Résilier au 31 décembre 1999, sans donner d’explications, les contrats d’exclusivité avec Temtrade.
- 2004 : Résilier de manière anticipée le contrat Star Beauté en 2004 et payer 26 millions + 3 millions d’euros alors sans aucune obligation contractuelle de PBI.
- 2000 : Lorsque le marché noir de L’Oréal (PBI) en Russie a été découvert, il demanda par fax à Patrick Chalhoub, actionnaire minoritaire de Parmobel, filiale de L’Oréal à Dubaï, d’en endosser la responsabilité par un affidavit ad hoc. Refus de Patrick Chalhoub101.

Pascal Castres Saint-Martin
Membre du management Groupe de L’Oréal, Pascal Castres Saint-Martin est directeur général adjoint, vice-président de la direction générale de l’administration et des finances de L’Oréal.
Membre du conseil d’administration de Parmobel jusqu’au 31 décembre 1999.
Destinataire, avec Gilles Weil, de la note de Me Degueldre du 6 janvier 1998, il ne peut pas ne pas avoir avalisé l’Avenant aux contrats Temtrade du 30 janvier 1998 et le paiement de 20 millions de francs français à Temtrade, les termes du contrat d’exclusivité Star Beauté (y compris le paragraphe annonçant la résiliation des contrats Temtrade six mois à l’avance), la convention de séquestre y relative ainsi que les deux paiements liés au rachat anticipé du contrat Star Beauté.
- Le 9 septembre 1998, Janez Mercun le rencontre pour lui faire part de ses doléances au sujet du marché noir et l’informer de ce que L’Oréal travaillait avec le crime organisé russe. Pascal Castres Saint-Martin l’écoute attentivement sans faire la moindre remarque d’importance.
- Le 22 décembre 1998, Janez Mercun lui écrit: « Nous savons toutefois que les activités des Nekrassov, Kawiak, Berling, Massoud et Chalhoub exercent un impact très négatif sur l’image de votre Société et des marques PBI et qu’elles ont causé un dommage irréparable aux intérêts économiques légitimes de notre Société en tant que vos distributeurs. »
- Le 16 avril 1999, chargé par Lindsay Owen-Jones de répondre à la lettre que Janez Mercun lui avait écrite le 18 janvier 1999, Pascal Castres Saint-Martin est revenu sur la réunion du 9 septembre:
Vous aviez souhaité me rencontrer le 9 Septembre 1998 pour m’exposer que vous déteniez des informations mettant en cause certains collaborateurs de PBI. Force a été de constater, lors de cet entretien que vos informations étaient des allégations gratuites, tant vous même que votre avocat n’ayant pu produire aucun commencement de preuve de faits que vous alléguiez. Concernant la question des importations parallèles, celle-ci a été réglée par la conclusion de l’Avenant en date du 30 janvier 1998. »
- Il est intéressant de placer cette lettre dans son contexte:
→ Pascal Castres Saint-Martin l’a écrite alors que L’Oréal continuait de livrer le marché noir russe en dépit de l’Avenant aux contrats Temtrade signé le 30 janvier 1998.
→ Surtout, il l’a écrite après la réunion du management de PBI Dubaï le 25 janvier 1999 qui a montré orbi et urbi comment L’Oréal avait organisé et dirigé le marché noir de ses produits en Russie.
→ C’est après avoir reçu cette lettre que Janez Mercun et Temtrade ont décidé d’attaquer L’Oréal en faisant appel à tous les moyens juridiques à leur disposition.
Gérant, membre du management Groupe de L’Oréal, il s’est directement engagé en faveur d’un marché noir en Russie. Il n’a pas été remplacé à son décès en 1997.
- Il est le responsable direct du départ d’Olivier Loustalan, responsable du marché russe ; il considérait, écrit Olivier Carrobourg dans son Témoignage, « … que par rapport à la nouvelle situation qui se créait en Russie, il n’était plus du tout adapté. Et Olivier Loustalan quittera effectivement la société dans le courant de l’année 1997 ».
Il est l’auteur de la Note sur les comptes PBI du 7 octobre 1996, qui est à l’origine du marché noir ponctuel créé en Russie au quatrième trimestre 1996 pour que PBI puisse combler le retard de son chiffre d’affaires sur l’année.
Extraits:
- En octobre 1996, les estimations les plus récentes portaient sur un bénéfice de 356 millions de FF sur l’année (env. 54.3 millions d’euros), chiffre qui ne passe pas…
J’ai dû m’engager à atteindre… 370 millions [env. 56.4 millions d’euros] ! Si nous n’y parvenions pas, il faut avoir conscience que ce serait grave. Gilles Weil a été très clair. Il faut donc mettre tout le monde sur le pont, nous n’avons AUCUN choix. Nous avons la chance qu’une zone PBI marche très bien: la Zone Centre-Orient. S. Guisset fera tout pour nous aider… Nous avons plusieurs pistes (facturations spécifiques russes, écoulement d’obsolètes…) H. de Beaugrenier102 et O. Carrobourg constitueront le tandem permanent de concertation et de suivi... J’espère que nous y arriverons. Je pense que oui à condition que tout le monde, partout, fasse tout pour cela ».
Jean-Yves Frolet annonce ainsi un scénario ficelé à l’avance par la direction générale de PBI, épaulée par le directeur financier Pierre Cabane : l’intendance n’a plus qu’à suivre ce qui lui est dicté d’en haut.
Cette analyse confirme le Témoignage d’Olivier Carrobourg:
[Jean-Yves Frolet, le patron de PBI103] ... nous a dit qu’il fallait augmenter le chiffre d’affaires avec les Russes et que ce chiffre d’affaires serait logé dans les Duty Free. Il avait vu cela avec M. Cabane, le directeur financier de Gilles Weil, vice-président de L’Oréal en charge de la Division des produits de luxe. M. Cabane était d’accord104 ».
- « La mise en place de ce système a commencé en 1996 à la demande de la direction générale, Gilles Weil, M. Cabane, M. Guyot-Jeannin, M. Frolet 05 ».
Dans sa déposition, Serge Guisset a déclaré que Jean-Yves Frolet avait accepté la proposition de vendre en Russie que lui avait faite Georgantas, agent de la boutique hors taxe de l’aéroport d’Athènes, car nous avions des besoins de chiffre. Georgantas avait été approché par des grossistes russes.
Serge Guisset précise aussi, Procès-verbal de son interrogatoire, que Jean-Yves Frolet « n’aimait pas que ce soit un agent des duty free qui vende en Russie » [mais] « que, vu la situation, nous pouvions via Parmobel y aller franchement ».
82 Lindsay Owen-Jones, Procès-verbal, cf.
83 Lindsay Owen-Jones, Procès-verbal, cf.
84 Olivier Carrobourg, Témoignage, cf.
86 Lindsay Owen-Jones, Procès-verbal, cf.
87 Olivier Carrobourg, Procès-verbal, cf. Datée du 18 janvier 1999, la lettre de Janez Mercun est trop tardive pour avoir incité Lindsay Owen-Jones à se rendre à Dubaï.
88 Serge Guisset, Procès-verbal, cf.
89 Gérard Guyot-Jeannin, Procès-verbal, cf.
90 Gilles Weil, Procès-verbal, cf.
91 Id., cf. Il s’agit du Mémorandum sur le marché parallèle russe de Jean-Claude Bonnefoi daté du 16 avril 1996.
92 Ibid., cf. A comparer avec Olivier Carrobourg, Procès-verbal, cf.: Temtrade [était] lui traité à moins 40%, niveau des gros agents.
93 Olivier Carrobourg, Procès-verbal, cf. et cf.
94 Gilles Weil, Procès-verbal, cf.
96 Dès le 1er janvier 2000.
97 Gilles Weil, Procès-verbal, cf.
98 Id., respectivement cf. et cf.
100 Etude du Scellé N° Olivier Carrobourg DEUX (Notes du dossier « Corbeille » de son ordinateur), cf.
102 Directeur administratif et financier des Duty Free, PBI.
103 Le second après Gilles Weil.